Le parlement vient d’abdiquer ses prérogatives (voter les lois) en autorisant le gouvernement à prendre par ordonnances des mesures censées favoriser la construction de logements. Ces mesures, qui vont dérouler le tapis rouge aux promoteurs ne feront l’objet d’aucun débat au Parlement alors qu’elles relèvent de la loi ! De quoi s’agit-il ? L’idée est de favoriser la construction de logement en supprimant les gardes fous qui protègent notre cadre de vie et qui garantissent le respect des lois. Par exemple le gouvernement propose entre autres d’obliger les villes à densifier les constructions (augmenter le nombre de m2 autorisés sur un terrain), à augmenter la hauteur des bâtiments, à réduire le nombre de places de stationnement à réaliser dans les nouvelles constructions. Le gouvernement propose aussi de rendre plus difficile les recours des habitants contre les permis de construire illégaux qui leur portent préjudice. Selon lui 30 000 logements seraient actuellement « bloqués » par de tels recours ! Il s’agit d’un chiffre purement fantaisiste, d’un chiffon rouge agité par les promoteurs qui veulent assouplir les règles d’urbanisme pour construire à leur guise. Ainsi les députés verts et socialistes, avec le soutien de la droite, veulent généraliser la politique mise en œuvre à Montreuil par l’actuelle municipalité qui déroule le tapis rouge aux promoteurs. Le PLU ayant multiplié par deux ou trois le nombre de m2 autorisés, les grues poussent partout, les voisins sont privés de vues et de soleil, les petits ateliers sont remplacés par des immeubles de logements, les difficultés de stationnement s’aggravent, les écoles ont du mal à suivre, la ville se dégrade… C’est d’autant plus inacceptable que le promoteurs ont actuellement un stocks de 100 000 logements invendus ! Tant il est vrai que ce ne sont pas les règlements d’urbanisme ni les recours qui freinent la construction : c’est la diminution du pouvoir d’achat des salariés et des retraités qui est à l’origine des difficultés. Ces difficultés sont aggravées par la spéculation immobilière, alimentée elle-même par l’augmentation des droits de construire autorisés dans le PLU. C’est pour cela que la hausse des prix des logements à Montreuil a été, ces dernières années, la plus forte de toutes les villes de banlieue. Il est temps de revenir à plus de sagesse. Si une réforme est nécessaire, elle devrait consister à donner aux communes plus de moyens pour combattre efficacement la spéculation et pour construire des logements réellement accessibles aux demandeurs de logement de la ville. Il faut revenir à la politique de maîtrise des prix fonciers qui prévalait à Montreuil jusqu’en 2008. L’exemple de la ville de St Ouen montre que c’est possible…