Discours de J.P Brard lors de la cérémonie à l’honneur de Nelson Mandela à l’UNESCO

Votre Excellence,

Madame l’ambassadeur, c’est un honneur pour nous avoir d’avoir été conviés à partager avec vous tous l’hommage rendu à Madiba, porteur d’un message universel et incarnant les valeurs profondes de l’humanité tout entière.

Nelson Mandela aura illuminé la fin du XXè siècle par la victoire éclatante qu’il a offerte à la paix, à la liberté, à la justice, à la confiance que doivent toujours conserver les peuples dans leurs propres capacités à s’émanciper de la tyrannie. Nelson Mandela a donné une leçon universelle à l’humanité toute entière en convainquant le peuple sud-africain du nécessaire pardon pour construire la nouvelle nation sud-africaine sur la base de la réconciliation. Sa combativité et son courage ont longtemps entretenu l’espoir et permis de mettre fin au régime inique et inhumain de l’apartheid. Grande est l’émotion des humanistes qui ont mené bataille à ses côtés pour faire de sa cause une cause universelle et un sujet de mobilisation internationale. Sa voix résonnera longtemps encore aux oreilles de l’humanité qui portera le souvenir et l’héritage de Nelson Mandela en son cœur.

Nelson Mandela est le symbole de la lutte pour la dignité humaine. Son combat exemplaire contre le régime d’apartheid, régime fondé sur la discrimination raciale, l’injustice et l’humiliation, restera un des grands moments de l’histoire de l’émancipation des hommes. Vingt-sept ans de bagne n’auront pas suffi à briser sa détermination et son espérance inébranlable dans la justesse de son combat au service de son peuple, et au-delà au service de la société des hommes. Avec ses compagnons de lutte de l’ANC, du Parti Communiste sud-africain et la Cosatu, il a réussi à rassembler tout un peuple sur le chemin de la liberté. Son élection de premier président de l’Afrique du Sud libérée de l’apartheid fut un moment historique, non seulement pour l’Afrique du Sud mais pour le monde entier. Le combat contre l’apartheid et pour la libération de Mandela, durant ces longues années de lutte, a motivé l’engagement politique de nombreux jeunes. Les communistes français s’honorent d’avoir contribué dès le début et sans relâche au développement de la solidarité internationale pour la liberté du peuple sud-africain.

Rappelons-nous les nombreuses manifestations organisées devant l’ambassade d’Afrique du Sud à Paris. Elle fut même prise d’assaut par les jeunes communistes qui prirent les journalistes à témoin et inscrivirent le nom de Mandela sur les murs. Un grand nombre de militants communistes portait le badge à l’effigie de Mandela. L’Humanité, journal de Jaurès, combattant de la paix, a mené une campagne acharnée et persévérante pour la libération du plus ancien prisonnier politique du monde.

N’oublions pas que lors de sa visite en France en 1990, Mandela a demandé à être reçu par l’Humanité et le PCF avant de l’être à l’Elysée. Il n’ignorait rien de l’investissement de ceux qu’il a appelés ‘camarades » !

Nous, Montreuillois, appartenons à cette grande famille de la solidarité internationale !

Montreuil a toujours témoigné par ses actes qu’elle était un étendard de la résistance. Je pense notamment à la main fraternelle tendue à tous les opprimés qui ont refusé de vivre à genoux : les Italiens en lutte contre Mussolini, les Républicains espagnols contre la dictature de Franco, les antifascistes portugais en lutte contre la dictature de Salazar, les Grecs contre le régime des Colonels, les Chiliens, frères de combat de Salvador Allende qui trouvèrent refuge à Montreuil.

Nos frères de l’ANC s’inscrivent dans cette longue lignée.

En ce jour,  j’ai une pensée particulière pour Dulcie September que j’ai eu le privilège de fréquenter et avec laquelle nous présentâmes les œuvres de Breyten Breytenbach aux habitants de notre ville. Dulcie rêvait de revoir sa ville du Cap. Cela ne se réalisa pas. Elle fut lâchement assassinée rue des Petites Ecuries en rejoignant son bureau. Je me rappelle la manifestation de protestation qui condamna ce crime odieux commis en plein Paris. C’est à Montreuil qu’on demanda d’accueillir celui qui succéda à Dulcie et représenta à son tour l’ANC en France. Nous le plaçâmes sous la protection des habitants dans l’une de nos cités HLM.

Je me rappelle la conférence d’Arusha organisée pour l’anniversaire de l’ANC où je fus chargé de représenter le Parti Communiste français et où je remis le fruit de la solidarité collectée au porte-à-porte par les militants. J’eus à cette occasion le privilège de rencontrer Oliver Tambo, compagnon de Mandela.

Nous faisons partie de ces Français qui ont pu dire en allant en Afrique du Sud après la chute de l’apartheid : « Oui, à la différence d’autres Français, responsables politiques et économiques, c’est la première fois que nous venons dans votre pays parce que nous avons toujours refusé d’être complices »

Madiba a toujours cru en sa nation arc-en-ciel. Nous avons été ses frères dans la lutte parce que plus qu’à toute autre chose, nous croyons à l’éminence de la personne humaine. Celle-ci n’est pas caractérisée par la croyance, la couleur, l’appartenance religieuse mais par des valeurs qui sont universelles et qui doivent pénétrer tous les lieux de notre planète où règne encore l’oppression. Avec un autre grand Africain , Patrice Lumumba, Mandela aura marqué ce long et difficile cheminement vers la lumière et la liberté. Ce fut dans notre pays, la France, le combat de nos pères qui écrivirent les mots Liberté, Egalité, Fraternité avec leur sang leur de la Révolution de 1789. Ce fut le combat des Communards qui se lancèrent à l’assaut du ciel en 1871. La lutte pour l’émancipation fut difficile et souvent cruelle. Nelson Mandela et ses camarades de l’ANC la menèrent sans fléchir et de nouveau, à son tour, Madiba a démontré que lorsqu’un peuple se lève pour sa liberté, il devient invincible

Et comme il aimait le dire pour conclure ses discours et cela vaut partout : « la lutte continue » pour redonner le pouvoir au peuple : « Amandla Ngawethu »

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