Scènes de ménage entre le PS et les Verts

Claude Bartolone : Voynet est une menteuse… (Le Monde 24 novembre)

Dominique Voynet : Bartolone est un maffieux (BFMTV 4 décembre)

Au-delà de ces propos lamentables il est important de bien comprendre ce qui se trame derrière la fuite inattendue de Dominique Voynet. Pourquoi refuse-t-elle le combat alors que son bilan est, prétend-elle, extraordinaire ?

Après avoir voulu nous faire croire que c’est par un subit « dégout de la politique » qu’elle a renoncé à briguer un second mandat Dominique Voynet proclame aujourd’hui que c’est la faute à Claude Bartolone ! On avait d’ailleurs du mal à la croire, elle qui n’avait pas fait la fine bouche pendant ses 30 ans de carrière politique et qui venait de lancer sa liste « Ensemble pour Montreuil ». Tout le monde avait compris qu’elle voulait surtout éviter l’humiliation d’une défaite annoncée. Elle n’était même pas sure d’être au second tour !

Jusqu’alors, au nom de la solidarité gouvernementale, au nom de l’union des Verts et du PS qui gouvernent ensemble depuis 2012 en reniant les uns après les autres les engagements pris par François Hollande, Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé exigeaient que le PS se range sous le panache blanc de Dominique Voynet. « Il faut sauver le soldat Voynet » disaient-ils, il faut préserver la plus grande ville verte de France menacée par le retour des rouges !

Mais Claude Bartolone craint la claque que tous les sondages annonçaient. Il demande de sérieuses contreparties. Bref, il faut accepter « les alliances et les compromis ». Les Verts, s’ils veulent éviter la honte d’une défaite cuisante, seront bien obligés prêter allégeance au « parrain » qu’ils dénoncent aujourd’hui. Déjà affaiblis par 6 ans d’une politique rejetée massivement par les Montreuillois, abandonnés en rase campagne par leur tête de liste, les verts devront évidemment céder à toutes les exigences du PS. Un vrai désastre pour eux. Un triomphe pour le parrain dont le poulain a pu annoncer tranquillement sa candidature, qu’il tenait sous le coude, sans déclencher la foudre de Cécile Duflot…

Pour bien comprendre ces manœuvres du « parrain » PS il faut revenir en 2008 et même quelques années avant, quand Bartolone a mis Dominique Voynet en orbite vers la mairie de Montreuil.

Une tragédie en trois actes

Acte 1 : Claude Bartolone installe Voynet à la mairie

En 2004 Claude Bartolone offre un siège de sénatrice à Dominique Voynet, qui s’installe à Montreuil et s’inscrit au Groupe PS (la politique politicienne, elle déteste !). Sa mission : mettre fin à 70 ans de communisme municipal qui a fait de Montreuil cette ville que les Montreuillois aiment.

En mars 2008 La gauche se présente unie aux élections municipales avec Jean-Pierre Brard comme tête de liste. Le PS soutient cette liste où il figure en bonne position. Les verts refusent l’union et présentent une liste séparée. Mouna Viprey, « filleule » en politique de Claude Bartolone, fait dissidence et rejoint Dominique Voynet, avec manuel Martinez, Conseiller Général PS et de nombreux socialistes. Claude Bartolone, patron du PS dans le 9-3, est à la manœuvre : il soutient les dissidents en coulisse, contre la liste officielle du PS. Arrivée très loin derrière Brard, Dominique Voynet refuse la fusion des deux listes de gauche et se maintient au second tour, comptant sur la droite pour se faire élire.

Banco ! Dominique Voynet devient maire. Mouna Viprey est sa première adjointe. Claude Bartolone jubile : un maire communiste de plus à son tableau de chasse… Et il devient président du Conseil Général, ayant réussi, grâce l’appoint des verts, à faire Battre Claire Pessin-Garric dans le canton ouest de Montreuil.

Acte 2 : La greffe ne prend pas, Montreuil rejette Voynet, Bartolone s’inquiète

Très vite les Montreuillois découvrent, effarés, une Dominique Voynet qu’ils ne connaissaient pas pour la bonne raison qu’elle n’avait jamais rien fait à Montreuil ! Tout nouveau, tout beau. Ils découvrent une maire froide, distante, autoritaire, sectaire, qui refuse de les écouter. Et qui se fiche de l’écologie. Comme le dit fort justement Martine Billard, qui l’a bien connue à la direction des Verts, « elle n’aime pas les gens ». Tout le contraire de son prédécesseur.

Premier accroc à son contrat avec le parrain : elle refuse de rendre le siège de sénatrice alors qu’elle s’y était engagée ! Elle ira jusqu’au bout de son mandat au grand dam de Claude Bartolone. Et des électeurs Montreuillois auxquels elle avait promis d’être maire à plein temps…

Et très vite l’évidence s’impose : Voynet n’est pas faite pour être maire. Et elle méprise Mouna Viprey et les socialistes élus sur sa liste alors que c’est eux qui ont assuré sa victoire et qu’ils travaillent sérieusement, contrairement à bien des bras cassés verts.

La goutte d’eau qui fait déborder le vase, c’est la décision de Voynet, en mars 2010, d’augmenter fortement les impôts locaux, alors qu’elle s’était engagée à laisser les taux inchangés. Elle refuse tout compromis (déjà !) et retire sans sommation, avec une brutalité inouïe, leur délégation aux adjoints qui plaidaient pour le respect des engagements pris devant les Montreuillois. Elle rejette Mouna Viprey et Manuel Martinez dans l’opposition, se privant d’un apport essentiel.

Et c’est le PS qui va morfler ! En mars 2011 Manuel Martinez perd son siège de conseiller général au profit du communiste Belaïde Beddredine. En fait les électeurs font payer à Manuel Martinez son soutien à Voynet ! Et Bartolone voit son poste de président du Conseil Général menacé. L’alerte rouge est déclenchée…

Acte 3 : Le parrain lâche Voynet

Mois après mois le rejet de Dominique Voynet grandit dans la ville. En 2012 Eva Joly fait 4,4 % des voix dans la plus grande verte de France, alors que Mélenchon dépasse 24 % ! Dominique Voynet est tellement sure de prendre une claque qu’elle préfère renoncer à se présenter. Décidément, une habitude chez elle ! Mais elle réussit quand même à faire élire un député PS, inconnu à Montreuil comme elle l’était en 2008 : son retrait, en permettant d’ajouter voix vertes à celles du PS, permet au candidat socialiste de devancer au premier tour Jean-Pierre Brard, le candidat du Front de Gauche. Ce dernier avait pourtant fait un excellent résultat, le meilleur du Front de gauche, France entière.

Ainsi c’est l’addition des voix vertes et roses qui a fait l’élection de Razzy Hammadi. De fait c’est grâce à Dominique Voynet que ce dernier est devenu député. Un héritage qui s’avère lourd à porter aujourd’hui.

Car ce succès ne suffit pas à dissiper les soucis du parrain. Sondage après sondage, il apparaît que non seulement Dominique Voynet n’a aucune chance mais en plus que sa présence à la tête d’une liste d’union du PS et des verts plomberait irrémédiablement cette dernière.

Le 18 novembre Voynet lance sa liste « Ensemble pour Montreuil » et publie un appel où l’on peut lire : « C’est évident, Dominique Voynet est la mieux placée pour poursuivre le travail entamé et rassembler les Montreuillois autour d’un objectif : préparer le Montreuil de demain. » ! Et la direction nationale des verts somme le PS de rejoindre cette liste : le PS leur doit bien ça, à eux qui soutiennent loyalement la politique d’austérité du gouvernement en votant toutes les mesures écrasant les salariés et les retraités (comme la hausse de la TVA au budget 2014).

La réplique du parrain est foudroyante : le 23 novembre il fait publier par Le Monde deux articles dévastateurs pour les verts. On y lit notamment : «  Claude Bartolone n’a pas de mots assez durs pour qualifier la maire sortante – « une menteuse, incapable de tenir un engagement »C’est l’estocade : le 25 novembre 2013 Dominique Voynet annonce son retrait ! En fait elle capitule, laissant les verts Montreuillois désemparés. Et la voie est libre pour Razzy Hammadi qui présente sa candidature le 6 décembre. Il annonce qu’il va essayer de prendre la ville aux verts, sans susciter la moindre protestation de ces derniers, résignés devant cette Bérézina.

Mais la messe n’est pas dite. Les tractations se poursuivent au plus haut niveau entre les verts et le PS : après s’être battus comme des voyous, les frères ennemis vont-ils se réconcilier pour sauver ce qui peut l’être, maintenant que le boulet Voynet a été éjecté ? Ils en sont bien capables ! Sans tomber dans la politique politicienne, bien entendu !

Montreuil peut et doit s’en sortir !

Cette tragi comédie serait risible si Montreuil et les Montreuillois n’en faisait pas les frais depuis six ans !

Six ans des verts à la mairie avec la bétonisation de la ville, la hausse des impôts, la mise au pas du personnel communal, la saleté de la ville, la mise en cause des acquis sociaux, l’éviction de la talentueuse équipe du cinéma Méliès etc.

Et 18 mois de gouvernement Verts PS au bilan désastreux, qui poursuit et aggrave la politique d’austérité lancée par la droite. Les riches n’ont jamais été aussi riches, alors que me chômage continue à monter et que le pouvoir d’achat des salariés baisse. Réponse du gouvernement : augmenter la TVA pour compenser la baisse d’impôt consentie aux multinationales… Détaxer les plus values en taxant les consommateurs !

Tout cela voté au parlement sans état d’âme par le député socialiste de Montreuil ! Hélas !

C’est ça qui aurait dû dégouter Dominique Voynet : se faire élire en promettant le changement « maintenant » et faire l’inverse.

Mais il n’y a pas de fatalité ! On peut mettre en échec les manoeuvres du parrain ! On peut rejeter les sortants et sanctionner leur refus d’assumer leur bilan. Le PS et les Verts ont réalisé des sondages, qu’ils cachent aux Montreuillois, parce qu’ils ne veulent pas nourrir l’espoir du changement qui grandit à Montreuil. Oui le changement est possible.

Les Montreuillois rejoignent en masse « Ma Ville d’y Crois » et construisent actuellement le projet citoyen qui sera mis en œuvre lors du prochain mandat. Ce rassemblement autour de Jean-Pierre Brard va bien au-delà du Front de Gauche. Tous ceux qui aiment Montreuil et qui aspirent à un vrai changement y ont leur place. Ce sont leurs propositions qui feront le corps du projet citoyen.

Il faut tirer les leçons de la désastreuse aventure Voynet : donner les clés de la ville à un(e) inconnu(e), même si elle ou il parle bien, conduit souvent à des lendemains qui déchantent. Ceux qui se mordent les doigts d’avoir voté en 2008 pour la sénatrice verte PS vont-ils à nouveau jouer aux dés ? Vont-ils soutenir le poulain  de celui que chacun s’accorde à définir comme un « parrain » prêt aux manœuvres les plus tortueuses (au point de « dégouter » Dominique Voynet, il faut le faire !) ?

En demandant à Jean-Pierre Brard de prendre la tête de leur liste, les membres du Comité des Citoyens savent qu’ils peuvent compter sur lui. Ils savent qu’il sait écouter et qu’il s’efforce de prendre en compte les demandes uns et des autres. Il savent que son expérience sera précieuse pour diriger la ville au moment où il faut la sortir de l’ornière où l’a mise la gestion aventureuse des verts.

Communiqués, Montreuil
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